Impact-Santé – 31 mars 2011

A partir du 1er avril, les médecins traitants devront signer le contrat national type avant de pouvoir continuer à suivre leurs patients dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad). Entretien avec Claudy Jarry, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa).

Ce contrat était-il vraiment nécessaire ?

S’il fallait instaurer un contrat liant médecin traitant intervenant dans les établissements pour personnes dépendantes, il valait mieux le modéliser au niveau national pour rendre les choses transparentes. La seule difficulté évoquée par les médecins que je rencontre sur ce contrat est une forme de limitation de la liberté de prescription. Dans ce document, le médecin traitant doit prescrire dans une liste de manière préférentielle établie par le médecin coordonnateur et le pharmacien et soumise à un comité médical qui associe les médecins traitants qui ont signé le contrat. On touche là à un principe : la liberté de prescription. Même si dans la vraie vie, les choses se passent plutôt en bonne intelligence, cela pourrait créer des précédents dangereux pour l’avenir de la profession. Le gouvernement devrait revoir ce point avec les syndicats de médecins libéraux.

Certains médecins craignent que pour des raisons économiques, ce contrat permettrait aux directeurs de ne plus les accepter pour embaucher des médecins salariés ?

On en prend en tout cas le chemin. Mais les directeurs ne sont pas demandeurs de cela. Ce qu’ils craignent c’est que la personne âgée ne soit pas un assuré comme les autres. Aujourd’hui, les directeurs ne souhaitent pas envenimer les relations avec les professionnels de santé.

Que dites-vous au directeur par rapport à ce contrat ?

Ce texte s’impose aux établissements qui ont l’obligation de le mettre en place. Le directeur doit revoir le contrat du séjour, proposer les avenants aux personnes âgées et expliquer à ces dernières que si leurs médecins ne le signent pas alors elles ne pourront pas être admises dans l’établissement. Au final, la contrainte va peser sur les directeurs qui doivent prendre la responsabilité soit de ne pas respecter la loi, soit de mettre la pression sur les résidents.

Que proposez-vous ?

Si les médecins sont tous d’accord pour ne pas signer, mieux vaut lever cette pression inutile sur les usagers et les établissements, sinon les directeurs d’établissement vont être très mal à l’aise face aux résidents dans les prochaines semaines. C’est au ministère de prendre ses responsabilités.

Loan TRANTHIMY