Déjà en avril 2009, la Haute Autorité de Santé (HAS) avait rendu un avis défavorable à la kinésithérapie dans les suites opératoires de la libération du canal carpien, ce qui avait permis à l’UNCAM de faire valider son référentiel à zéro séance : « La place de la rééducation postopératoire du syndrome du canal carpien n’est pas définie faute d’études scientifiques. (…)Dans ces conditions, aucun argument scientifique n’est de nature à s’opposer à la validation par la HAS de valider la proposition de l’UNCAM selon laquelle toute rééducation dans les suites de la libération du médian du canal carpien doit faire l’objet d’un accord préalable ».

La HAS récidive dans une recommandation parue le 14 mars 2013 : Syndrome du canal carpien : Optimiser la pertinence du parcours patient.(voir ici)
Dans ce document ayant pour objet d’ « apporter une aide concrète pour améliorer la pertinence du parcours des patients avec syndrome du canal carpien et diminuer les disparités de pratique » , La HAS enterre une fois de plus la place de la kinésithérapie en postopératoire. En effet, il est préconisé de « Favoriser une récupération rapide par une auto-rééducation ».

C’est tout juste si l’HAS reconnait l’éventualité d’une action bénéfique de la kinésithérapie dans le traitement non chirurgicale de cette affection : « une revue Cochrane de 2012 sur les traitements autres que la chirurgie ou l’infiltration de corticoïdes rapporte une efficacité pour les corticoïdes par voie orale, les attèles, l’ultrasonothérapie, le yoga, la kinésithérapie et l’insuline chez les diabétiques. Les autres traitements évalués n’ont pas fait la preuve de leur utilité (claviers ergonomiques, vitamine B6, diurétiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens, aimants, acupuncture au laser, exercice ou chiropractie). La kinésithérapie consiste en des techniques de mobilisations articulaires et tissulaires et des techniques de mobilisations/glissements des nerfs ; elle diminue l’irritabilité du nerf ; des conseils pour l’adaptation des activités fonctionnelles à risque sont spécifiquement proposés, ainsi que l’utilisation d’orthèse nocturne adaptée. La preuve de l’efficacité des techniques de mobilisation reste limitée et nécessite des études cliniques de qualité pour confirmation ».

Nous voyons ici les limites de l’evidence based practice qui ne reconnait comme efficace que les techniques largement évaluées. À ce rythme, La kinésithérapie, dont la recherche est encore loin d’avoir explorée l’ensemble de ses techniques et de ses indications, risque de voir son champ d’activité réduite à peau de chagrin au profit de techniques médicamenteuses non dénuées de risques.

Cet exemple montre, s’il était besoin, la nécessaire intégration de notre cursus dans l’Université à un niveau – le master – qui permettra le développement d’une recherche en kinésithérapie réalisée par des kinésithérapeutes.