Publié dans Kiné Flash Paris n° 45 – mars 2014

Ne m’en veuillez pas, je vais faire court et un peu lapidaire : Au fond, voulons-nous être reconnus et honorés convenablement pour notre apport bien concret à la société française et notre impact positif dans la vie de nos concitoyens ?

À mon sens les fondamentaux de notre profession sont au nombre de sept :

1. la science médicale, un langage et des concepts que nous partageons avec les autres acteurs du champ sanitaire, un statut de professionnel de santé.

2. une thérapeutique non médicamenteuse, quasi-dépourvue d’effets secondaires dont l’objectif principal est de restaurer l’autonomie fonctionnelle.

3. un temps de contact et d’interaction avec le patient important (durée séance/ fréquence inédite dans le champ sanitaire), car un corps change rarement dans le bon sens en un claquement de doigt (nous devenons ce que nous faisons…), qui est aussi une excellente opportunité d’éducation thérapeutique ou à la santé (nous devenons aussi ce que nous pensons), un relai crédible des messages institutionnels en santé publique.

4. des praticiens généralistes, capables d’intervenir dans toutes les spécialités médicales, à tous les âges de la vie, et dans toutes les conditions de la santé (de la recherche du bien-être jusqu’aux soins palliatifs).

5. la durée moyenne de carrière libérale la plus longue des paramédicaux (et très sédentarisée, permettant une bonne connaissance des populations locales), qui fait de nous des professionnels de santé de référence (comme le médecin de famille ou le pharmacien), ainsi que des «sentinelles» capables de repérer les situations à risque et d’alerter.

6. des professionnels dotés (par la Loi) d’une déontologie, un gage de sécurité, de compétence, et de qualité des soins.

7. une excellente accessibilité, en majorité les patients sont à moins de 10 minutes d’un cabinet (et les kinésithérapeutes se déplacent… encore).

Cette courte liste est édifiante : nous sommes des acteurs incontournables de l’accompagnement du vieillissement (réussi) de la population… et des «autonomiseurs» à tous les âges de la vie !

Que cela ne soit pas clairement perçu reste pour moi un (petit) mystère dont l’élucidation nécessite de convoquer l’histoire de la profession, le système éducatif, les représentations sociales, les systèmes de concertation et de régulation et les politiques de santé.

Dans le monde, les physiothérapeutes sont de plus en plus souvent des professionnels de santé en accès direct… est-ce là hasard ou pure folie ?

Je reste convaincu que la raison l’emportera… mais qu’il faudra l’aider un peu !

Comme moi, vous êtes #KinésParisiens

Éric CHARUEL