Lors de son congrès annuel qui s’est tenu à Cayenne, la FFMKR a affirmé de nouveau son opposition à l’idée de constituer une nouvelle profession. Ce refus a été porté auprès de l’Ordre par un courrier du 28 novembre 2019 que vous pouvez consulter.

Cette position fait suite à l’initiative renouvelée de l’Ordre qui, en marge de ses missions, a imaginé créer une profession d’aides-kinésithérapeutes pour couper court à l’exercice illégal de la kinésithérapie et à l’accès partiel à la profession permis par le droit européen, et répondre à la pénurie de salariés.

Rappelant que la mission ordinale est de lutter contre l’exercice illégal, la FFMKR estime que la proposition de l’Ordre constitue un aveu d’échec de cette mission qui souffre sans doute de moyens trop maigres et d’un manque d’ambitions de la part de l’institution.

Alors que lors de la manifestation du 5  juillet 2018, toute la profession, dont l’Ordre, s’est dite outrée de l’ubérisation de la kinésithérapie par ce qui a été appelé le « chirogate », comment imaginer que l’instauration d’une nouvelle profession pourrait ne pas conduire à l’accélération de l’affaiblissement de la kinésithérapie ?

Comment imaginer que l’activité de ces nouveaux professionnels serait financée par l’Assurance Maladie sans affecter le budget attribué aux kinésithérapeutes ? Rappelons qu’en 2010, ce même Ordre avait exposé au Gouvernement que la création d’ « auxiliaires de rééducation fonctionnelle formés en un ou deux ans », était censée être « la solution qui améliorera l’offre de soins, l’optimisation des ressources de la protection sociale et [permettra] la création de plus de 50.000 emplois » !

Enfin, les étudiants, qui espèrent financer leurs études en obtenant le statut d’aide-kinésithérapeute à l’issue de leur seconde année, ne semblent pas mesurer que dès lors qu’ils seront en mesure de travailler, les tutelles auront tous les arguments pour ne pas répondre à leur revendication de gratuité des études. Pire, alors même qu’ils ne sont qu’aux prémices d’une connaissance de la profession, leurs revendications tendent à la changer, espérant répondre à la représentation qu’ils s’en font ou dont ils rêvent. Or, la profession s’est construite afin de répondre, en premier lieu, aux besoins de ceux à qui elle bénéficie : les patients.

Comme il y a 10 ans, on ne peut que regretter une initiative assurément clivante jetant le trouble au cours d’une période anxiogène pour tous les professionnels au regard de l’actualité et des réalités quotidiennes de l’exercice. En 2010, les constats et les clivages étaient déjà du même ordre (lire KFP n° 35 – juillet 2010).


KFP 35 – juillet 2010