Fin novembre, les deux syndicats de la profession ont rencontré l’Assurance Maladie afin d’ouvrir de nouvelles négociations conventionnelles.

A lire les communiqués, la discussion a été rapide : Monsieur FATOME, Directeur Général de la CNAM, a annoncé que son mandat est circonscrit à « l’ouverture des négociations avec l’ensemble des professions médicales et paramédicales pour tirer les enseignements de l’essor de la télé-santé et pour faire de ce dispositif un outil de renforcement de l’accès aux soins et de la lutte contre les inégalités territoriales ».

Négociations ou concertations ?

Au final, l’objet de cet avenant 7 sera, comme d’autres avant lui, exclusivement une modification des règles conventionnelles à la seule demande de l’Assurance Maladie. Il n’y a aucun respect du paritarisme, notion ancestrale qui voulait que des partenaires, représentant différents intérêts, recherchaient ensemble à construire un cadre répondant au mieux aux attentes de toutes les parties. Dans ce contexte, quoi de plus naturel que les kinésithérapeutes aient le sentiment de n’être ni entendus, ni considérés ?

Les propositions de la profession ont donc été balayées d’un revers de main. Non pas qu’elles souffraient d’un manque de pertinence – qui pour certaines est éclatante – mais exclusivement parce que l’État ne veut pas construire la kinésithérapie de demain avec les professionnels qui la pratiquent. Dans ces conditions, il est légitime de s’interroger sur la raison pour laquelle les représentants professionnels ont accepté de demeurer autour de la « table des négociations ».

Pourquoi introduire aujourd’hui des mesures conventionnelles sur le télé-soin en kinésithérapie alors même que cette pratique devrait relever, en premier lieu, du Code de la santé publique ? Acceptons-nous que la définition de notre profession, notre décret de compétences et nos modalités d’exercice soient dictées par le Code de la sécurité sociale ? La kinésithérapie est-elle si accessoire que son évolution ne relèverait plus que de considérations liées à sa prise en charge sociale ?

D’autant que « l’essor de la télémédecine », non sans être clivant, ne cesse d’interpeler sur son opportunité, plébiscité par les uns, décrié par les autres, alors que nombreux sont ceux qui aspirent à retrouver des liens sociaux forts. Or, par la nature même de ses interventions – et cette particularité souvent résumée au toucher qui la caractérise – la kinésithérapie s’est toujours prévalue de la singularité des relations instaurées avec le patient. Aussi et avant de s’enfermer au sein de « négociations », avons-nous mesuré les conséquences d’un tel essor, sur l’ensemble de la profession, des professionnels et de la place de la kinésithérapie dans la société ?