« Rien ne sera plus comme avant » entendait-on il y a un an. L’organisation aussi brillante que rapide du « Ségur de la santé » était présentée telle l’indispensable réforme de la santé jusqu’alors jamais envisagée par aucun Gouvernement précédent. Un an plus tard, « la grande loi » visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification a été publiée au journal officiel.

Concrètement, cela change quoi au quotidien du kinésithérapeute libéral ?

N’en déplaise aux optimistes, l’activité libérale des kinésithérapeutes ne changera en rien. Car la grande réforme, l’amélioration du système de santé et sa simplification apparaissent bien vite comme un affichage cachant un néant.

Il faut noter que désormais, le kinésithérapeute peut renouveler une prescription médicale de kinésithérapie datant de moins d’un an. Cette mesure, introduite en 2016 (donc, rien de novateur) n’est plus désormais soumise à décret. Concrètement, pour les quelques patients qui nécessitent la poursuite des soins alors même que la prescription initiale est terminée (par le nombre de séances ou la durée du traitement indiquée), le kinésithérapeute peut renouveler la prescription, en l’adaptant (nombre de séances ou durée) si la prescription initiale date de moins d’un an.

La CPAM de Paris a été interrogée pour connaître les modalités pour justifier de ce renouvellement (renouvellement établi par le kinésithérapeute ou autre procédé) et les conditions de remboursement. Sans réponse à ce jour, il se pourrait bien qu’elle invoque la NGAP qui, en l’état, ne permettrait aucune prise en charge de ces actes puisque, par nature, un tel renouvellement constitue une prescription qui n’émane pas du médecin. Nous vous invitons donc, en l’état, à ne pas utiliser ce dispositif sans informer préalablement vos patients d’une possible non prise en charge des actes réalisés dans le cadre d’un renouvellement que, de droit, vous pouvez désormais prescrire.

Rappelons aussi que cette avancée engage le kinésithérapeute : en effet, il est responsable, seul, du bien-fondé du renouvellement et même du fait qu’il ait procédé à celui-ci plutôt que d’avoir ré-adressé le patient au prescripteur – avec son bilan – pour une consultation médicale que la situation aurait nécessité. Cet accroissement de la responsabilité, s’il peut effrayer, est aussi une nouvelle pierre au renforcement de l’autonomie de la profession.