Le projet de Loi relatif à l’enseignement supérieur et à la recherche a été proposé en vue de favoriser la réussite étudiante et l’un des objectifs est de « parvenir à 50 % de diplômés du supérieur dans chaque classe d’âge ».

L’une des dispositions initiales du projet du Gouvernement était d’expérimenter de nouvelles modalités d’accès aux études médicales, en particulier en assurant la réorientation des étudiants de première année commune aux études en santé (PACES) n’ayant pas réussi les épreuves portant sur les enseignements dispensés en début d’année.
L’Assemblée Nationale avait introduit une expérimentation, d’une durée de six ans, d’une première année d’étude commune à diverses formations paramédicales. Partant du constat qu’un grand nombre des étudiants des formations paramédicales « suivent d’ores et déjà une voire deux années de préparation, souvent dans un institut privé très coûteux ou parfois, déjà, en PACES, comme 70 % des étudiants en kinésithérapie », l’instauration d’une première année paramédicale « permettrait d’institutionnaliser la sélection pour la rendre plus juste, de mutualiser des enseignements et d’assurer une préparation de qualité moins coûteuse que celle qui est dispensée dans un institut privé. »

Qu’entendaient les auteurs par professions paramédicales ? Au Sénat, la réponse est claire : « ergothérapeute, kinésithérapeute, rééducateur, podologue, prothésiste dentaire, aide-soignant, auxiliaire de vie sociale, auxiliaire de gérontologie… » précise le rapporteur du texte soumis au Sénat. Une vision large, bien au-delà des seules professions de santé et des professions d’auxiliaires médicaux !

La profession d’infirmier n’était pas citée. Mais pour les exclure définitivement de cette initiative, les sénateurs ont expressément écarté les étudiants en soins infirmiers du dispositif d’une première année commune au motif que « compte tenu de ses spécificités, la profession d’infirmier fait l’objet d’une réglementation importante au sein du Code de la santé publique, qui semble difficilement compatible avec les exigences de formation applicables à d’autres professions de santé » et de poursuivre que dans ces conditions « il ne paraît pas souhaitable qu’elle soit concernée par l’expérimentation de nouvelles modalités d’admission dans les formations paramédicales ».

L’argumentaire est fondé mais l’application à d’autres professions semble poser des difficultés. En effet, concernant la profession de kinésithérapeute – qui fait l’objet d’une réglementation tout aussi importante au sein du Code de la santé publique – et alors même que 70 % des étudiants effectuent actuellement une première année commune aux études médicales expérimentée depuis 25 ans, un tel argument n’a pas été retenu.
Le Congrès de la FFMKR réuni à Rouen les 21, 22 et 23 juin 2013 s’était opposé fermement à une intégration de la formation initiale au sein d’une nouvelle année commune à des professions paramédicales et rappelé son attachement à l’intégration universitaire de la formation en kinésithérapie par recrutement PACES.
Pour l’heure, le texte final maintient le dispositif d’une première année commune aux professions paramédicales, dont les kinésithérapeutes. Il s’agit d’un recul pour la profession qui, au lieu de voir reconnaître après un quart de siècle d’expérimentation son intégration à la première année commune aux études en santé, est susceptible de voir sa première année commune à des professions aussi diverses qu’hors du champ de la rééducation, et pour certaines appartenant non pas aux professions de santé mais au service à la personne.

Mais ce recul n’est que potentiel. En effet, il appartiendra au Gouvernement d’établir la liste des professions concernées. La cohérence du Ministre de la santé sera alors attendue puisqu’encore début juin, Marisol Touraine informait un député que les kinésithérapeutes seraient, au terme de la réforme de la formation initiale, intégrés à la première année commune aux études de santé.