Alors que de nombreuses voix se félicitent « de la reconnaissance et de l’utilisation des compétences des kinésithérapeutes dans la lutte contre cette épidémie » par la possibilité de réaliser des prélèvements nasopharyngés, cette vision est également étonnante.

On peut être surpris que des organisations censées défendre les intérêts de professionnels diplômés d’État, formés à la rééducation qui est la finalité de leur activité, se glorifient d’une reconnaissance qui non seulement est hors de leur compétence (puisque la réalisation de ces prélèvements est conditionnée à une formation spécifique), mais aussi pourrait être plus rémunératrice que par exemple le maintien de l’autonomie des personnes âgées !

Ceci en apparence car ces prélèvements nécessitent non seulement des EPI (équipements de protection individuelle) spécifiques qui devront vraisemblablement être fournis par le kinésithérapeute lui-même, mais surtout n’ont aucune finalité en soi : le kinésithérapeute devra ensuite faire parvenir le prélèvement à un laboratoire d’analyses, gérer la communication des résultats et évidemment se charger de toutes les explications nécessaires au patient et à son entourage, puis bien sûr en rendre compte au médecin traitant.

Le tout pour une rémunération d’un AMK 4,54 (du jamais vu dans la NGAP depuis plusieurs décennies !) et une aumône de 3,46 euros si le patient est à domicile. Le seul intérêt de cette mesure serait la réalisation de ces tests par des kinésithérapeutes intervenant au domicile de patients en incapacité de fréquenter un laboratoire et ne disposant d’aucun autre intervenant en mesure de réaliser le prélèvement.

Il serait bien plus important de faire reconnaître par le Ministère chargé de la santé la réelle valeur des actes de kinésithérapie que chaque professionnel dispense quotidiennement, plutôt que se glorifier de l’exploitation de ces mêmes professionnels pour servir de bouche-trou au rabais à un système incapable d’assumer les bases de la Santé Publique.