Jean CASTEX, par la voix d’Olivier VERAN, a fixé lui-même la feuille de route des futures négociations conventionnelles. Dans un courrier adressé fin août au nouveau directeur de l’UNCAM, le Ministre des Solidarités et de la Santé décrit les axes et conditions des travaux qui doivent être menés, présentés comme le retour d’expérience de la crise sanitaire, confortant le plan « Ma Santé 2022 », prônant, tout comme ce fut le cas durant le « Ségur de la santé », une accélération de sa mise en œuvre. Pour ce faire, le Gouvernement estime « que c’est dans les territoires où la coordination était la mieux développée et la plus structurée que les prises en charge ont pu se mettre en place le plus efficacement ».

L’État n’est pas à un mensonge près pour ne pas assumer ses responsabilités.

Car au final, les professionnels qui ont eu accès aux équipements de protection individuelle (EPI) ont, seuls, été en mesure de poursuivre leur exercice.

Aucune structure de soins soi-disant coordonnée ne disposait de davantage d’EPI que chaque professionnel de santé libéral. A moins que l’État ait doté spécifiquement ces structures alors même que les établissements de santé étaient en carence.

Avec ce préalable, la feuille de route confiée à l’UNCAM se décline d’abord pour renforcer les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et accélérer leur déploiement. Autant dire que c’est l’interventionnisme de l’État (ARS) et/ou de l’Assurance Maladie qui risque de prendre le pas là où ces CPTS tardent à se déployer. La coordination risque donc de se faire de manière forcée, avec une priorité donnée aux médecins qui seraient visiblement seuls concernés par l’accès aux soins non programmés alors que les autres professions de santé devraient tirer « les enseignements de l’essor de la télésanté », essor tout relatif en kinésithérapie eu égard aux chiffres déjà communiqués et au fort clivage qu’a fait naître cette nouvelle pratique.

Cependant, c’est essentiellement sur ce point qu’est fixée la seule piste d’évolution conventionnelle où la question de la rémunération n’est absolument pas abordée, alors même que la lettre clé des kinésithérapeutes reste gelée depuis 2012 !

Rien n’est avancé pour notre profession quant à une éventuelle rémunération sur objectifs de santé publique ou au résultat qui tiendrait compte « du service effectivement rendu aux usagers », exceptions faites du renforcement de l’accès aux soins et de la continuité des soins au domicile des personnes en situation de perte d’autonomie ou des personnes âgées (à domicile ou en EHPAD), qui pourraient être des pistes de valorisation par des mesures « incitatives ».

S’ajoute à cette lettre de cadrage, la présentation du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 faite le 29 septembre, concrétisant le « Ségur de la santé » avec des revalorisations exclusivement orientées au sein des établissements de santé, la reprise de la dette des hôpitaux et rien, excepté des économies supplémentaires, sur le financement de l’offre de soins de ville. Pour autant, le Ministre de la santé annonce que ce PLFSS est « résolument tourné vers l’avenir », avec un objectif de dépenses en évolution de plus de 6%, une dette qui ne cesse de croître et le prolongement de 10 ans de la contribution à la dette sociale (CRDS)…

Avec une démographie nationale toujours pas régulée, un zonage conventionnel accepté sans contrepartie et qui n’a aucun effet à long terme, l’avenir de la kinésithérapie de demain et des mois à venir devient problématique.