Ce 13 avril, les 3 syndicats ont décidé de quitter la table de ces négociations qui se déroulent depuis janvier avec l’assurance maladie.

Était-il temps ou est-ce trop tard de quitter ces échanges qui portent sur la déclinaison concrète de la lettre de cadrage fixée par Olivier VERAN en fin d’année 2021 ?

Situation a priori positive, les 3 syndicats nationaux sont unanimes depuis le début de ces pourparlers. Ils sont désormais unanimes surtout pour affirmer que l’enveloppe n’est pas suffisante et qu’à ce titre, il ne faut pas la prendre.

Pourtant, la lettre de cadrage de ces négociations a été acceptée : malgré tous les discours et l’agitation de certains dénonçant son insuffisance, les 3 syndicats ont accepté depuis janvier de discuter dans le cadre fixé par le Gouvernement et dans lequel l’UNCAM est contrainte.

Qu’attendre de l’assurance maladie alors que cette dernière ne fait qu’appliquer le cadre fixé par le Gouvernement ?

Et force est de constater que la posture constamment larmoyante des syndicats nationaux et le lobbying soi-disant mis en œuvre n’a aucun impact sur les politiques, ni sur l’administration centrale.

En témoignent les larmes de crocodile de nouveau déversées en prenant connaissance du rapport de l’IGAS sur l’accès direct : que se figurait la profession sur les conclusions d’un tel rapport alors même que le Ministre de la santé, dans la commande de ce rapport en octobre 2021, annonçait noir sur blanc que le corps d’inspection devait identifier les « prérequis » à un tel accès direct si celui-ci était favorable « à la régulation de la démographie » ou encore « de la maîtrise médicalisée », autant dire favorable à la baisse des dépenses de la sécurité sociale ?

Depuis des mois, la profession a entendu ce qu’il lui était agréable d’entendre des pouvoirs publics. Les organisations professionnelles, ravies de leurs effets d’annonce, se sont persuadées d’avancées valorisantes pour la profession mais qui, au terme d’un quinquennat, ne sont aucunement au rendez-vous :

  • Valorisation de la valeur de l’acte de kinésithérapie : aucune avancée
  • Prise en considération des frais d’exercice (locaux, déplacements, etc.) : aucune avancée
  • Valorisation d’actes complexes entrant dans le cadre des priorités de santé publique : aucune avancée
  • Prise en charge de nouvelles cotisations sociales obligatoires par l’assurance maladie en contrepartie de l’engagement des praticiens à respecter les tarifs conventionnels : aucune avancée
  • Remboursement des actes dans le cadre d’un renouvellement effectué par un kinésithérapeute : aucune avancée
  • Possibilité de réaliser des actes de soins en accès direct : aucune avancée

Sans avancée, c’est une régression que vit la profession, constatée chaque jour par le praticien de terrain, tant sur le plan économique que sur la valeur sociale de son travail.

Avant de s’interroger sur le blocage de l’administration envers la kinésithérapie, il est peut-être temps que la profession elle-même effectue un travail d’introspection pour savoir ce qui en elle, ses structures professionnelles et ses membres, crée autant d’indifférence ou de défiance parmi les politiques et les administrations publiques. Sans doute doit-elle profiter de ce temps d’élections – période qui perturbe toute la vie sociale et politique jusqu’au mois de juin et exclut, de facto, toute espérance d’avancées notables – pour faire des bilans et des choix.