Les kinésithérapeutes n’en peuvent plus d’attendre des évolutions favorables de la profession. Actuellement, toute proposition positive s’accompagne de son lot de contraintes et au final, depuis des années, la paupérisation gagne et la pénibilité s’accroit.

Focus sur la proposition de l’assurance maladie et des syndicats nationaux d’introduire dans la NGAP un acte pour « prise en charge de l’enfant polyhandicapé ». Il serait coté AMK 11. Le coût annuel estimé par l’UNCAM est de 46 millions d’€.

Or, la NGAP actuelle prévoit une cotation AMK 11 pour la rééducation des « encéphalopathies infantiles ». Suivant la définition médicale, cette rééducation couvre l’ensemble des patients souffrant des séquelles neurologiques et psychiques chroniques secondaires à des processus encéphaliques développés avant la naissance ou lors de la première enfance. Cela recouvre autant les patients jeunes que ceux adultes qui présentent une infirmité motrice cérébrale (troubles moteurs exclusivement) ou un polyhandicap, ce dernier associant des troubles cognitifs et moteurs.

46 millions d’€ annuels soit disant donnés à la profession, alors même que les dépenses actuelles couvrent ces rééducations qu’il conviendrait néanmoins de revaloriser compte tenu de la complexité de ces prises en charge. A ce titre, une cotation en AMK 20 serait une reconnaissance décente du travail et de l’investissement du kinésithérapeute aux côtés de ces patients et de leurs entourages.

Comble de l’ironie, le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 (PLFSS) introduit, à la demande du Gouvernement, une nouvelle organisation des soins concernant la rééducation des enfants polyhandicapés. En effet, le Gouvernement demande de disposer des moyens légaux afin de fixer lui-même « les modalités de prescription, les conditions d’intervention des professionnels, le nombre de séances prises en charge ainsi que les modalités de calcul et de versement de la rémunération des professionnels » (article 35 bis du PLFSS au 14 novembre 2022 non encore adopté définitivement).

Autant dire que la volonté du Gouvernement est de supprimer le paiement à l’acte de ces rééducations (polyhandicap, IMC), d’instaurer une organisation en parcours confiée aux seuls établissements de santé et médico sociaux, lesquels auront notamment pour mission de conclure des contrats de prise en charge avec les libéraux (de santé ou pas !) comprenant la rémunération et un référentiel de pratique imposés !

Et certains y verraient un progrès ?