Fin septembre 2020, l’Agence régionale de santé francilienne et l’Assurance Maladie ont découvert que la médecine de ville existait.

Découvert, pas tout à fait. Il s’agit tout au plus de l’idée que pour mieux gérer la seconde vague, contrairement à la 1ère, il serait utile de s’appuyer sur la médecine de ville. « Pour cette deuxième vague, notre objectif est d’anticiper le risque de non recours aux soins des patients hors COVID ». Il est certain qu’au printemps, ces administrations n’ont rien anticipé, n’ont rien soutenu et ont laissé se fermer un à un tous les cabinets de ville, délaissant ainsi tous les patients au détriment de l’ensemble de ceux présentant des pathologies chroniques ou des situations médico-sociales pour lesquelles toute suspension de suivi thérapeutique et de surveillance entraîne des conséquences majeures.

Fort d’un communiqué commun datant de quelques mois déjà, l’ARS et l’Assurance Maladie entendent renouveler l’expérience et publier « un communiqué de presse commun dans la première quinzaine d’octobre pour renforcer nos messages sur l’importance du recours aux soins des franciliens, en ciblant notamment les patients chroniques ».

Par ailleurs, il leur semble pertinent, 7 mois après le début de cette crise, de commencer à travailler sur l’élaboration d’indicateurs sur l’offre et la demande de soins en milieu ambulatoire et le déploiement d’un système d’information « de suivi et de pilotage sur l’ensemble des activités de soins de ville » !

C’est ainsi que pèle mêle, l’ARS estime qu’ « avec l’arrivée de l’épidémie de bronchiolite, [il y a] nécessité de collecter des données via les réseaux spécialisés pour anticiper le surcroit d’activité en ville lié à cette prise en charge », alors même que depuis un an, ces administrations ont suivi de concert les recommandations dénigrant la place de la kinésithérapie dans le suivi de ces petits patients.

En outre, l’administration souhaite « prioriser la population des personnes âgées, territoire par territoire, avec la production d’indicateurs par exemple pour les soins de kinésithérapie en EHPAD », alors même que depuis début mars l’ARS n’a fait preuve d’aucune action ni autorité sur les directeurs d’EHPAD afin de permettre aux kinésithérapeutes d’y poursuivre leur exercice professionnel et répondre aux besoins des patients.

Observant depuis des années le pilotage des établissements de santé, cela a de quoi ne pas être rassurant quant à l’avenir de la médecine de ville. À moins que l’État ne délègue tout ou partie de ce pilotage aux organisations professionnelles des libéraux de santé, encore que ces dernières doivent avoir les pieds encore ancrés sur le terrain et être confrontées à la réalité de l’exercice au quotidien.