Face à la crise sanitaire et économique, l’Assurance Maladie a mis en place une compensation de perte d’activité décidée par le Gouvernement.

On se doit de saluer la volonté de l’effort réalisé par Matignon pour soutenir les professionnels de santé conventionnés, dont les kinésithérapeutes. Basé sur un taux standardisé de charges sur le territoire national, seul le Syndicat de Paris dénonçait, dès sa mise en œuvre par l’Assurance Maladie, une inégalité flagrante dans ce dispositif qui nie la grande diversité de la part des charges parmi les kinésithérapeutes, suivant leur statut, l’implantation de leur cabinet et même l’orientation thérapeutique choisie ou contrainte par la patientèle.

Les premiers chiffres en région Île-de-France sur le recours à ce fonds de compensation ne font que confirmer les craintes exprimées sur ce dispositif.

Rappelons que l’effondrement de l’activité des cabinets en Île-de-France est majeure : -57 % en mars, -89 % en avril et -41 % en mai 2020 par rapport aux mêmes mois de l’année 2019.

Au 2 juin 2020, le dispositif de compensation a été sollicité en Île-de-France par 4.821 kinésithérapeutes, soit moins de la moitié des professionnels franciliens (48 %). Mais apparaît une très grande disparité intrarégionale : 88 % des kinésithérapeutes ont bénéficié du fonds avec un versement moyen de 2.151 €, les praticiens de Seine-Saint-Denis sont 51 % a avoir bénéficié d’une aide atteignant en moyenne 2.364 € et seuls 39 % des kinésithérapeutes parisiens ont obtenu une aide, en moyenne de 1.591 €.

Exercer n’a pas le même coût suivant de nombreux critères tels que les centres villes, les quartiers à prédominance économique, les zones urbaines sensibles ou encore les territoires ruraux ou péri-urbains. Exercer n’a pas le même coût suivant les possibilités offertes par la disponibilité de l’immobilier ou le statut libéral choisi, entre l’assistant et le professionnel associé. Un dispositif qui oublie les remplaçants qui, bien que non conventionnés, contribuent à la continuité des soins que l’Assurance Maladie met elle-même en avant comme une obligation au sein de l’avenant 5 à la Convention Nationale.

Ce constat semble ne poser aucun scrupule ni aucune interrogation à l’Assurance Maladie en Île-de-France qui n’a entretenu aucune relation avec les représentants de la profession depuis le mois de mars et a attendu la fin de la crise sanitaire, le 2 juillet 2020, pour « réunir » les « partenaires » conventionnels en visioconférence de « Temps d’échange et d’information sur la crise sanitaire ».
Les Caisses ont donc géré seules la crise sans aucune concertation avec les partenaires conventionnels.